Appel aux maires de France : stop à l’homophobie en Pologne !

Paris, le 19 février 2020

Monsieur le Maire,

Mesdames et Messieurs les élu(e)s du Conseil Municipal,

Notre Association Défense de la Démocratie en Pologne (ADDP) travaille, depuis l’arrivée au pouvoir du parti nationaliste conservateur Droit et Justice (PiS) il y a quatre ans, pour la préservation des valeurs démocratiques et de l’Etat de droit en Pologne.

C’est dans ce cadre que nous observons les violations de plus en plus fréquentes des libertés et des droits humains dont nous informons le public, la presse et les institutions en France.

Depuis plusieurs mois, nous constatons avec inquiétude la montée de stigmatisation des personnes LGBT par le parti au pouvoir et les médias sous son influence, notamment la télévision publique, et par une partie de l’Église catholique. Ce sujet est devenu un axe principal de propagande lors de la campagne des élections législatives de l’année dernière. Il revient en force à l’approche des élections présidentielles prévues en mai.

L’un des aspects les plus inquiétants de cette politique d’exclusion sont les déclarations votées par les conseils des collectivités locales (conseils municipaux, communaux ou départementaux) en Pologne. Ces documents affichent la ville (ou une autre collectivité) comme une zone « libre de l’idéologie LGBT ». En pratique, toute expression de l’identité LGBT, toute action contre homophobie ou tout simplement une action d’information, y compris éducation sexuelle dans les écoles, y est condamnée.

Nous estimons que cette stigmatisation est d’une extrême gravité. Elle commence à porter ses fruits : le taux de suicides des jeunes homosexuels et des personnes faisant partie des minorités sexuelles est en Pologne l’un des plus élevés en Europe. Les manifestations pour les droits des homosexuels (les « Marches de la fierté ») sont souvent interdites, et quand elles ont lieu, sont brutalement attaquées par les militants nationalistes sous l’œil indifférent d’une police aux ordres du gouvernement. Beaucoup de jeunes choisissent l’exil pour pouvoir vivre sans crainte pour leur sécurité.

Le 14 février 2020, le conseil municipal de la ville Saint-Jean-de-Braye (Loiret) a décidé, à l’unanimité, de suspendre les liens de jumelage qui durent depuis 25 ans avec la ville polonaise de Tuchow, qui a adopté la déclaration anti LGBT en 2019. Notre association, qui réunit des citoyens français, des Polonais résidant en France, qui se sentent profondément européens, souhaite exprimer sa gratitude pour cet acte, que nous voulons propager parmi les collectivités locales de France à titre d’exemple à suivre.

Qu’elles soient jumelées avec les villes et villages polonais ayant adopté une déclaration honteuse contre « l’idéologie LGBT », ou simplement par acte de solidarité et d’appel à la tolérance, nous demandons à toutes les collectivités de France de publier les déclarations semblables, que nous communiquerons en Pologne.

Nous saluons cette décision de la ville de Saint-Jean-de-Braye dont les élus ont compris la nécessité d’un signal marquant pour dire non à la discrimination et à la campagne de haine.

Nous nous référons aux paroles prononcées lors du 75ème anniversaire de libération du camp d’Auschwitz par Marian Turski, un survivant de ce camp :

« Ne restez pas indifférents lorsqu’une minorité -quelle qu’elle soit- est discriminée, parce que l’essence de la démocratie est que la majorité gouverne, mais la démocratie repose sur les droits des minorités à être protégées ;

Ne restez pas indifférents lorsqu’un pouvoir ou un gouvernement enfreint le contrat social ;

Soyez fidèles à cet onzième commandement, parce que si vous êtes indifférents, vous ne remarquerez même pas le jour où un autre Auschwitz tombera du ciel. »

Veuillez recevoir, Madame/Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs Conseillers Municipaux, l’expression de nos sentiments respectueux.

Pour l’Association Défense de la Démocratie en Pologne,

La Présidente

 Joanna LASSERRE

 

Cette lettre et la revue de presse française ci-dessous ont été rédigées à l’initiative de Rafal Szczucki, membre de l’ADDP.

Nous avons repérè en France 22 villes jumelées avec les villes polonaises  ayant affiché le slogan « Libre de l’idéologie LGBT » ou apparenté, dont trois ont déclaré suspendre le jumélage : St.-Jean-de Braye, Niort et Nogent-sur-l’Oise. A quoi on doit ajouter une région, Centre -Val-de-Loire qui a gélé ses relations avec la région très importante du sud de la Pologne – Malopolska (Cracovie capitale de région).

Ville de Douai suspend le jumelage avec Pulawy

Frédéric Chéreau, maire de Douai – 19 février 2020 : « Je découvre stupéfait que notre ville jumelée de Pulawy s’est déclarée fin janvier, comme 88 autres villes polonaises, « zone franche anti LGBT » !

Malgré notre amitié historique pour la Pologne et pour Pulawy, je suis scandalisé par cette annonce. Au-delà de son caractère absurde (l’orientation sexuelle est un fait, pas un choix), elle est de nature à porter gravement atteinte aux libertés publiques. La nouvelle municipalité de Pulawy avait été conviée à Gayant l’an dernier. Dans ce contexte, je ne souhaite pas qu’elle le soit de nouveau en 2020. Je proposerai au nouveau conseil élu en mars de mettre notre jumelage entre parenthèse jusqu’à nouvel ordre. »

Ci-dessous, la lettre adressée par le maire de Douai, M. Frédéric Chéreau à son homologue M. May, maire de Pulawy (en anglais).

courrier maire à Pawel MAJ maire de Pulawy – antiLGBT février 2020(1)

Voir la lettre de la municipalité de Saint-Jean de Braye en bas.

Le Monde titre : « En Europe de l’Est, la guerre du genre est déclarée »

https://www.lemonde.fr/international/article/2020/02/21/europe-de-l-est-la-guerre-du-genre-est-declaree_6030359_3210.html

 

HOMOPHOBIE EN POLOGNE

Législatives 2019

Le parti Droit et justice (PiS) au pouvoir, proche de l’Église, est farouchement hostile à l’élargissement des droits des communautés homosexuelles. À l’occasion d’un rassemblement en avril dernier, le chef du parti, Jaroslaw Kaczynski a estimé que l’« idéologie LGBT » était une « menace à l’identité et à l’État polonais ». Selon l’ONG Campagne contre l’homophobie (KPH), une trentaine d’entités territoriales polonaises (villages, assemblées régionales) se sont déclaré « Zones libres de l’idéologie LGBT ».

(la Croix)

Juillet 2019

Une Pride organisée pour la première fois à Bialystok, grande ville de l’est de la Pologne, a été attaquée par des ultra-nationalistes. Un symptôme de plus à la vague d’homophobie qui s’abat actuellement sur le pays.

De l’homophobie décomplexée et à visage découvert. La ville de Bialystok, située dans l’est de la Pologne a été le théâtre de contre-manifestations – parfois violentes – d’ultra-nationalistes ce 20 juillet, lors de la toute première Marche des Fiertés de la ville. Selon la police, près de 800 participants ont défilé dans les rues, arborant drapeaux arc-en-ciel et brandissant des banderoles : « L’amour n’est pas un péché » ou « égalité des sexes ».

Les ultra-nationalistes, pour la plupart issus de groupes de supporteurs de football, sont venus des quatre coins du pays. Ils ont stoppé la marche à plusieurs reprises, forçant la police à intervenir. Certains hooligans portaient des tee-shirts avec des dessins homophobes, tandis que d’autres ont crié : « Pas de sodomie à Bialystok! ». Ils ont lancé des pétards, des pierres et des bouteilles, contre les manifestants et les policiers selon un porte-parole de la police. (Têtu)

« Peste arc-en-ciel »

À (l’approche) des législatives du 13 octobre, la Pologne s’échauffe. En effet, les conservateurs nationalistes au pouvoir et un archevêque catholique alertent contre la « menace » LGBT.

« Pour le PiS, c’est du carburant politique, cela lui permet de réaffirmer son identité politique, son attachement aux valeurs traditionnelles face à la vague d’occidentalisation », a déclaré à l’Agence France-Presse le politologue Stanislaw Mocek.

Après une série de manifestations de protestation suscitées par une attaque de nationalistes contre une Gay Pride en province le mois dernier, l’archevêque de Cracovie Marek Jedraszewski a ajouté de l’huile sur le feu en dénonçant, dans une homélie, la « peste arc-en-ciel » qui a remplacé, selon lui, la « peste rouge » communiste. La réaction a été immédiate : le dominicain Pawel Guzynski a appelé dans les médias les Polonais à envoyer des lettres à l’archevêque pour lui demander de démissionner. YouTube a bloqué la diffusion de l’enregistrement de l’homélie, puis l’a rétablie. (Le Point)

Pologne: le sticker de la honte qui choque au-delà des LGBT

Le magazine « Gazeta Polska » a annoncé qu’il distribuerait, en complément de son numéro du mercredi 24 juillet, un autocollant homophobe.

Le drapeau arc-en-ciel barré d’une épaisse croix noire. Le journal polonais Gazeta Polska a provoqué un tollé en annonçant qu’il distribuerait mercredi 24 juillet, avec son magazine, un autocollant homophobe. Sur le sticker, on lit les mots « Strefa wolna od LGBT » (comprenez « Zone sans LGBT »). Diffusé à près de 22.000 exemplaires, le magazine de droite, plutôt populaire, soutient sans ambiguïté le parti conservateur actuellement au pouvoir, le PiS (Droit et Justice).

Le message du sticker fait d’ailleurs écho à la campagne européenne du PiS qui s’est focalisée sur la défense de la « famille traditionnelle », désignant ouvertement la communauté LGBT comme ennemie de la Pologne. (Le Soir)

Photo radio Zet